Montréal dans l’œil de Vittorio : un panorama de l’histoire culturelle d’ici
Avec ce renouveau printanier qui se pointe le bout du nez, on se lance de nouveau à corps perdu dans un foisonnement de sorties culturelles! Et nos fructueuses expéditions ont débuté le week-end dernier en allant faire un petit tour au Musée McCord afin d’assister à l’exposition Montréal dans l’œil de Vittorio – 50 ans de vie urbaine et de création graphique. Jusqu’au 10 avril prochain, on présente au-delà de 125 affiches, photographies et bandes dessinées de l’artiste-affichiste montréalais de réputation internationale. Un magnifique tour d’horizon de la carrière de Vittorio Fiorucci (de son vrai nom) et qui remémore les grandes périodes artistiques et créatives qui ont marqué la métropole, de 1960 à nos jours.
Pour ceux qui ignorent qui est Vittorio, il est le créateur de Victor, cette amusante mascotte du Festival juste pour rire. Probablement, l’œuvre la plus accessible et connue du grand public. Né en Croatie, Vittorio a grandi principalement en Italie, avant de prendre racine à Montréal, et c’est ici même que l’artiste a réalisé la grande majorité de ses créations.
Mort accidentelle d’un anarchiste, Théâtre Jean-Duceppe, Prêt de la Collection de Judith Adams, 1980, Sérigraphie | Verdi – Un bal masqué, Opéra de Montréal, Prêt de la Collection de Judith Adams, 1990, Sérigraphie | Métiers d’art de vivre !, Salon des métiers d’art de Montréal, Prêt de la Collection de Judith Adams, 2000, Offset. (photo : site Web Musée McCord)
L’exposition est subdivisée en 5 zones distinctes. La première, nommée Montréal, métropole culturelle, met en lumière les premières affiches de Vittorio. Une autre section, intitulée La passion de Vittorio, présente des affiches conçues pour des commerces et évènements de toutes sortes. On y voit, entre autres, sa dernière affiche élaborée quelques jours avant son décès, le 30 juillet 2008, pour son ami le photographe Michael Flomen, qui exposait alors son travail à la galerie Pangée.
Un autre segment, consacré au travail plus engagé de Vittorio (tiré de la collection personnelle de l’affichiste) titré Montréal, une affaire de cœur, permet de découvrir l’artiste libre et indépendant qu’il incarnait. La dernière portion de l’exhibition propose une émouvante entrevue réalisée par Christiane Charrette, un an avant la mort de Vittorio, durant laquelle il déclare ceci : « J’ai produit 400 affiches, mais il y’en a peut-être seulement 20 qui sont valables ». Ça en dit assez long sur le jugement (un peu sévère, semble-t-il) qu’il portait sur ses réalisations. On peut aussi visionner un extrait du film d’animation, La saison perdue, réalisé en 2004 et qui porte sur l’univers du mythique Victor.
Viva Pedro, 1976, Sérigraphie , Prêt de la Collection de Judith Adams | Visitez le Nouveau Québec, 1967, Don de Isabel B. Dobell, © Musée McCord, M967.133 | Semaine du cinéma italien, 1964, Sérigraphie, Prêt de la Collection de Judith Adams. (photo : site Web Musée McCord)
En déambulant tout au long du parcours, on prend conscience que le travail de Vittorio débordait largement du cadre contraignant imposé par la popularité de Victor. En plus de son œuvre dite plus commerciale, l’artiste a abordé des sujets aussi controversés que la censure et le féminisme, toujours en utilisant ce ton humoristique/bon enfant qui a fait sa renommée.
Les réalisations de Vittorio se caractérisaient de deux façons : des formes abstraites ou des récits narratifs à l’aide de personnages chimériques. Travaillant souvent de manière immédiate, il utilisait un langage universel et intelligible et favorisait les messages percutants animés par des formes et des couleurs vives. Le dépouillement de ses lignes, l’économie de mouvement dont il faisait preuve, et bien sûr, les inévitables couleurs éclatantes ont fait de lui l’un des affichistes les plus respectés au monde.
Ne serait-ce que pour le sublime parcours de l’histoire culturelle d’ici que propose cette exposition, Montréal dans l’œil de Vittorio vaut franchement le détour. Vittorio était un créateur hors norme qui a réellement marqué le paysage visuel montréalais. Faites vite, ça se termine le 10 avril prochain.